Déclaration de l'Assemblée des mouvements sociaux du FSM de Belém

Nous ne payerons pas la crise ! Que les riches la paient !

Pour des alternatives anti-impérialistes, anti-capitalistes, féministes, écologistes et socialistes !


Nous, les mouvements sociaux du monde entier nous nous sommes réunis à l’occasion du 9e Forum social mondial à Belém en Amazonie où les peuples résistent à l’usurpation de la nature, de leurs territoires et de leurs cultures. Nous sommes en Amérique latine là où au cours de la dernière décennie a eu lieu une nouvelle rencontre entre les mouvements sociaux et les mouvements indigènes. Ces derniers questionnent radicalement depuis leur cosmovision le système capitaliste. L’Amérique latine a ces dernières années mené des luttes sociales très radicales qui ont conduit au renversement de gouvernements néolibéraux et à la mise en place de gouvernements qui ont mené à bien des réformes positives comme la nationalisation de secteurs vitaux de l’économie et de réformes constitutionnelles démocratiques.

Dans ce contexte, les mouvements sociaux d’Amérique latine ont agi de manière adéquate en décidant d’appuyer les mesures positives adoptées par ces gouvernements tout en maintenant leur capacité de critique à leur égard. Ces expériences nous aideront à renforcer la résistance ferme des peuples contre la politique des gouvernements, des grandes entreprises et des banquiers qui déchargent les effets de la crise sur les opprimé(e)s.

Actuellement, nous les mouvements sociaux de la planète faisons face à un défi de portée historique. La crise capitaliste internationale qui porte préjudice à l’humanité s’exprime sur différents plans : c’est une crise alimentaire, financière, économique, climatique, énergétique, migratoire…, de civilisation qui accompagne la crise de l’ordre et des structures politiques internationales.

Nous sommes face à une crise globale provoquée par le capitalisme qui n’a pas d’issue au sein du système. Toutes les mesures adoptées pour sortir de la crise ne cherchent qu’à socialiser les pertes pour assurer la survie d’un système basé sur la privatisation des secteurs stratégiques de l’économie, des services publics, des ressources naturelles et énergétiques, la marchandisation de la vie et l’exploitation du travail et de la nature ainsi que le transfert de ressources de la Périphérie au Centre et des travailleu/rs/ses à la classe capitaliste.

Ce système est régi par l’exploitation, la compétition exacerbée, la promotion de l’intérêt privé individuel au détriment de l’intérêt collectif et l’accumulation frénétique de richesses par une poignée de nantis. Cela génère des guerres sanglantes, alimente la xénophobie, le racisme et les extrémismes religieux, cela renforce l’exploitation des femmes et la criminalisation des mouvements sociaux. Dans le contexte de cette crise les droits des peuples sont systématiquement niés. L’agression sauvage du gouvernement israélien contre le peuple palestinien est une violation du droit international qui constitue un crime de guerre, un crime contre l’humanité et aussi un symbole de la négation de droits dont souffrent également d’autres peuples du monde. Cette impunité honteuse doit cesser. Les mouvements sociaux réaffirment leur soutien actif à la lutte du peuple palestinien ainsi qu’à toutes les actions des peuples du monde contre l’oppression.

Pour faire face à la crise, il est nécessaire d’aller à la racine du problème et d’avancer le plus rapidement possible vers la construction d’une alternative radicale qui en finisse avec le système capitaliste et la domination patriarcale. Il est nécessaire de construire une société basée sur la satisfaction des besoins sociaux et le respect des droits de la nature ainsi que la participation populaire dans un contexte de pleine liberté politique. Il est nécessaire de garantir l’exécution de tous les traités internationaux sur les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels (individuels et collectifs) qui sont indivisibles.

Dans cette perspective, nous devons lutter pour impulser la plus large mobilisation populaire par une série de mesures urgentes comme :
- la nationalisation sans indemnisation et sous contrôle social du secteur bancaire
- la réduction du temps de travail sans réduction de salaire
- des mesures pour garantir la souveraineté alimentaire et la souveraineté énergétique
- l’arrêt des guerres, le retrait des troupes d’occupation et le démantèlement des bases militaires étrangères
- la reconnaissance de la souveraineté et de l’autonomie des peuples qui garantisse le droit à l’autodétermination
- la garantie du droit à la terre, au territoire, au travail, à l’éducation et à la santé pour toutes et tous.
- La démocratisation des moyens de communication et de connaissance

Le processus d’émancipation sociale poursuivi par le projet féministe, écologiste et socialiste du XXIe siècle aspire à libérer la société de la domination exercée par les capitalistes sur les grands moyens de production, communication et services par l’appui à des formes de propriété d’intérêt social : petite propriété familiale, propriété publique, propriété coopérative, propriété communale et collective. Cette alternative doit être féministe car il est impossible de construire une société basée sur la justice sociale et l’égalité des droits si la moitié de l’humanité est opprimée et exploitée.

Enfin, nous nous engageons à enrichir le processus de construction de la société basée sur la qualité de vie en reconnaissant le participation active et l’apport des peuples indigènes.

Nous, les mouvements sociaux sommes face à une occasion historique pour le développement d’initiatives d’émancipation à l’échelle internationale. Seule la lutte sociale des masses peut sortir les peuples de la crise. Pour impulser cette lutte, il est indispensable de développer un travail de conscientisation et de mobilisation à la base.

Le défi pour les mouvements sociaux est d’arriver à organiser la convergence des mobilisations globales à l’échelle de la planète et de renforcer notre capacité d’action en favorisant la convergence de tous les mouvements qui cherchent à résister à toutes les formes d’oppression et d’exploitation.

Nous nous engageons ainsi à :
- Mettre en place une semaine d’action globale contre le capitalisme et la guerre du 28 mars au 4 avril 2009 avec :
- une mobilisation contre le G20 le 28 mars
- une mobilisation contre la guerre et la crise le 30 mars
- une journée de solidarité avec le peuple palestinien pour impulser un boycott, le désinvestissement et les sanctions contre Israël le 30 mars
- la mobilisation contre le 60e anniversaire de l’OTAN le 4 avril
- Renforcer les mobilisations qui se tiennent chaque année
- 8 mars : journée internationale de la femme
- 17 avril : journée internationale de la souveraineté alimentaire
- 1er mai : journée internationale des travailleu/rs/ses
- 12 octobre : mobilisation globale de lutte pour la Terre Mère, contre la colonisation et la marchandisation de la vie
- Mettre en place un agenda des résistances contre le sommet du G8 en Sardaigne, le sommet climatique de Copenhague, le sommet des Amérique à Trinité et Tobago…


Nous répondons ainsi à la crise par des solutions radicales et des initiatives d’émancipation.
Epitaphe.

Le forum se termine. Une expérience d'échanges, de confrontations, de débats et de fraternité s'achève.
Incontestablement cette année encore, cela a été un grand moment.
Des milliers de personnes de tout âge, de toute origine, beaucoup de brésiliens, de syndicalistes, de femmes et d'hommes qui sont unis par un même obectif : la construction d'un monde meilleur.

La délégation belge a été remarquable, en dynamisme, en construction de réseaux pour l'avenir, en fondation pour nos débats et nos combats futurs.

Ce blog en a été le témoin.
Il démontrait la diversité et la créativité présentes sur le forum. J'espère qu'il vous a plu, vous a fait partager l'énergie communicative de ce forum (des lieux de débats plein à craquer, des allées bondées, des slogans et revendications mobilisatrices).
Incontestablement cette expérience ne laissera pas indifférent.

Merci à celles et ceux qui nous ont suivis, lus, accompagnés durant cette expérience inoubliable.

A bientôt à Liège pour de nouveaux combats et de nouvelles aventures.

Que la force soit avec vous.

Yodaschsch

Assambleia das assambleias


L’après-midi du dernier jour de Forum, les pieds baignant dans une gadoue digne de Dour après quelques bonnes draches tropicales (Alice a failli se noyer dans les flaques), nous avons assisté à l’Assemblée des assemblées.



Ce moment de rassemblement final regroupait les déclarations et revendications des divers et nombreux ateliers des 10 thèmes principaux du Forum. Capitalisme, libéralisme économique, destruction écologique et exploitations en tous genres en ont pris pour leur compte, dénoncés fermement sous de multiples formes (poèmes, chansons, discours, appels, …) – Ohé Davos on est là !!! (Cf édito de Philippe Regnier dans Le Soir http://www.lesoir.be/forum/editos/envoyez-van-rompuy-dans-la-2009-02-02-687352.shtml )

Ainsi se clôturait le 9ème Forum Social Mondial. L’évaluation de celui-ci aura lieu ces 2 et 3 février lors des réunions de débriefing du Comité organisateur. Bien que les aspects sécuritaires et parfois excluants de l’organisation de l’événement (difficulté d’accès au site pour les populations les plus pauvres, présence policière et militaire importante et intimidante, …) fassent l’objet de nombreuses critiques, souvent justifiées, l’organisation d’un tel lieu de rencontres et de débats pour un monde plus juste et plus solidaire reste plus que jamais nécessaire. Espérons que le Comité organisateur tienne compte, pour la prochaine édition, de ces failles récurrentes (Cf Nairobi, Mumbai) et dommageable pour l’image du FSM.

La lucha sigue sigue, el pueblo vive vive !!!
La lutte continue !

Echanges syndicaux

Dimanche matin. Dernier jour du FSM.


Au lever du jour, un petit déjeuner avec la délégation de la CUT nous attendait. Des représentant-e-s des relations internationales, des femmes, des jeunes et de l’Observatoire social du syndicat brésilien nous ont fait part de leurs expériences et de leur travail militant quotidien.

Deux tables rondes composées de militants et responsables de nos deux syndicats accueillaient les témoignages et explications de chacun-e.

Nous en avons ainsi appris davantage sur les conditions de travail, la lutte des femmes brésiliennes au sein de syndicat, ainsi que sur le travail de mobilisation exceptionnel mené par les jeunes.

Reprenons ici quelques points particulièrement intéressants.
Tout d’abord, notons que l’affiliation et le fait syndical sont municipaux. Cela voudrait dire que si Liège était au Brésil, la FGTB serait le seul interlocuteur syndical reconnu dans l’ensemble des entreprises de la région. Youpie !


La représentation syndicale dans les entreprises ne passe pas par des élections sociales, seul le rapport de force compte. Cependant, il existe également des structures équivalentes au CE et au CPPT.

Le salaire minimum est de 465 reais, à savoir environ 180 €.

En ce qui concerne le travail des Femmes, les similitudes des problèmes rencontrés et combats à mener sont flagrantes. Les principales préoccupations des femmes au Brésil étant avant tout, l’égalité salariale (en moyenne 30 % d’écart pour un travail égal – en Belgique cet écart est d’environ 25 %) ; l’accessibilité à l’emploi, passant notamment par la réduction collective du temps de travail (la semaine de travail aujourd’hui est en moyenne de 40 heures) ; l’augmentation des structures d’accueil pour la petite enfance (seuls 10 % des enfants de 0 à 5 ans y trouvent une place) ; la reconnaissance du partage du travail domestique ; l’application d’un quota de minimum 30 % de femmes au sein des instances politiques et syndicales ; …

Un enjeu particulièrement prégnant et urgent pour ces femmes est la légalisation du droit à l’interruption volontaire de grossesse. A l’heure actuelle, seules les femmes victimes de viol ou portant un fœtus malformé ont – théoriquement – ce droit.
Malgré le soutien de Lula dans le sens d’une légalisation, le lobby religieux au sein du gouvernement bloque toute négociation.


Les jeunes ne sont pas en reste dans le combat pour une justice sociale générationnelle, développant un réseau d’échanges très riche et efficace via les nouvelles technologies de l’information et de la communication, et renforçant la conscientisation politique et sociale via des formations et des échanges internationaux très développés.

Forum social : espaces de rencontres syndicales


Le Forum Social Mondial est un espace de rencontres, parfois inopinées. Autour d’un café dans le hall de l’hôtel ou à la piscine à 3h du mat’, lors d’une dégustation improvisée de cachaça locale, les rencontres les plus impromptues peuvent s’avérer les plus enrichissantes grâce à l’esprit de solidarité et de fraternité qui règne à l’intérieur et autour du Forum.


C’est ainsi que nous avons rencontré des représentants de l’Observatoire social du Brésil. Bureau d’études créé sous l’égide de la CUT, l’observatoire réalise et publie des études sur la situation et l’évolution sociale du Brésil. Parmi les dernières études réalisées, citons les résultats particulièrement affligeants à nouveau obtenus autour du « travail esclave » au Brésil. Ceux-ci ont permis de prouver et de dénoncer l’existence de 60 000 esclaves sur le territoire brésilien. Parmi les secteurs touchés, le travail domestique, le travail agricole, mais aussi la sous-traitance industrielle dans les secteurs comme la métallurgie et la chimie.


Autre mission de l’Observatoire, l’analyse des comportements sociaux des multinationales implantées au Brésil. Celle-ci a permis de dénoncer l’absence de contraintes sociales imposées aux fournisseurs de matières premières. Ces derniers appliquent sans vergogne le travail forcé, le travail des enfants ou engagent les travailleurs sans contrat de travail et en-dessous du salaire minimum brésilien. Parmi les multinationales observées et présentes en Belgique, nous pouvons citer Solvay et Arcelor.


Un des défis actuels de l’Observatoire consiste en la création d’une structure latino-américaine permettant de mettre en commun les études réalisées par les organismes similaires dans les autres pays d’Amérique centrale et du Sud.


D’un autre côté, nous avons convenu de maintenir le contact et d’échanger les informations concernant les multinationales présentes sur nos deux territoires.

Geoffrey, Centrale Générale.

Dernières nouvelles du jour

Yessss!
On a enfin une connexion Internet qui nous permet de donner des nouvelles fraîches...

Le moment fort de ce samedi s’est déroulé cet après-midi : Jean-François a porté haut les couleurs de la FGTB en participant au jogging de la solidarité. 400 participants ont couru plus de 6 km dans les rues de Belèm sous une chaleur torride. Notre grand sportif a franchi la ligne d’arrivée dans les 80 premiers dans un moment de partage belgo-brésilien (images émouvantes à suivre).



Pendant ce temps, un séminaire mémorable avait lieu à l’UFPA : « Genre et travail décent ». Avec une participation de notre délégation, évidemment. Les thématiques et les inégalités sont semblables aux quatre coins de la planète... Encore breaucoup de boulot pour les femmes...


Spéciales dédicaces :

Geofreychchchchch : J’ai mis autant de temps pour aller pisser que Jean- François pour courir 6 km

Miner : Laissez-moi être espagnole, une fois

Alice : Ah bon, on « cultive » les crevettes en Belgique ???

Delphine : J’en ai marre d’être blonde

Stéphan : Dans la jungle, terrible jungle…

JFR : Di Djû, c’est vrai qu’il fait crevé chaud !

Mumu : Ca fait un peu soviétique l’organisation

Oriane : Même pas peur des araignées!!!

Soirée des belges et souper avec les partenaires du Sud




En images, deux moments importants pour la délégation syndicale belge.
La première, La « soirée belge » rassemblait tous nos compatriotes présents au Forum social de Bélem. Les représentants de la FGTB, de la CSC mais aussi les membres d’ONG telles que CNCD, CADTM, Eurodad…

Notre interprète, organisatrice, guide touristique, personne ressource indispensable ….Dona Alice Minette y avait convié nos homologues de la CUT. Une occasion pour son président et Anne Demelenne de se rencontrer et de réaffirmer la solidarité syndicale internationale.

Notre deuxième soirée rassemblait la FGTB et ses partenaires du Sud. Bénin, Rwanda, Pérou, Afrique du Sud, Colombie….Autant de représentants syndicaux avec lesquels la FGTB mènent des projets de coopération.

Du nord au sud, de l’est à l’ouest, le combat syndical rencontre des réalités incroyablement différentes….mais ce combat est fondamentalement identique. Ensemble, on est plus forts. C’est pour ça qu’on est ici !